Année 2002
Le
retraitement nucléaire face à un rapport au Parlement
européen
Univers-nature, 16 mars 2002
[Mise en ligne le 19/03/2002]
En novembre 2000, le Parlement européen a demandé
à l'association Wise-Paris (cabinet d'expertise sur l'énergie
et l'environnement) une étude sur les possibles effets toxiques
des activités de retraitement de déchets nucléaires
des usines de Sellafield (Grande-Bretagne) et de La Hague (France).
Le rapport, rendu public par le Parlement européen
en fin 2001, présente des preuves et des données inquiétantes
sur les rejets radioactifs des sites de retraitements. Or, à
cette même époque le journal "La Presse de la Manche"
a publié un article sous le titre "Crash sur la Cogema :
le rapport Wise démonté" basé sur un document
diffusé à la presse par la mairie de Cherbourg et remettant
en cause la qualité de l'étude de Wise-Paris. Selon le
journal, ce document serait un contre-rapport officiel émanant
d'un "groupe de conseils scientifiques", toutefois ce groupe
est inconnu au Parlement européen et le 5 décembre 2001,
Paul Engstfeld, chef de la division industrie, recherche, énergie
et environnement au Parlement européen, a écrit à
Wise-Paris qu'il "lui semble que le rapport cité dans La
Presse de la Manche est un faux".
Aussi, le 19 février 2002, WISE-Paris a déposé
plainte contre X auprès du tribunal de grande instance de Paris
pour faux et usage de faux, afin de dénoncer la diffusion de
ce document manifestement contrefait dans le seul but de discréditer
son rapport officiellement remis au Parlement européen. Par ailleurs,
à ce jour, aucun document n'est venu contester le contenu du
rapport officiel remis au Parlement.
Nul doute que ce rapport pose problème à
l'industrie du retraitement nucléaire, en rendant public des
chiffres étonnants sur les rejets radioactifs et les concentrations
de nucléides dans l'environnement. Selon Wise-Paris, avec seulement
moins de 10% du combustible usé mondial soumis à un retraitement,
les usines de Sellafield et de la Hague sont à l'origine :
- d'un rejet radioactif dans l'environnement correspondant à
un accident nucléaire de grande échelle chaque année;
- de concentrations qui ont dépassé, ces dernières
années, à plusieurs reprises les niveaux d'intervention
de la Communauté européenne;
- d'un rejet en iode 129, pour la seule année 1999, 8 fois supérieur
à celui des retombées de tous les tests d'armes nucléaires;
- de rejets radioactifs à la fin des années 90 et de prévisions
de rejets futurs en violation de la convention OSPAR sur la protection
de l'environnement marin de l'atlantique nord-est;
- d'un risque de rejets accidentels, 2 fois supérieurs à
la catastrophe de Tchernobyl, pouvant entrainer plus d'un million de
cancers mortels à long terme.
Par ailleurs, on constate une augmentation statistiquement
importante des cas de leucémie à proximité des
usines, sans toutefois pouvoir l'attribuer concrètement à
leur activité. En outre, toujours selon le rapport, il apparaît
peu probable que la commission européenne soit en position de
déterminer si le retraitement est susceptible de générer
une pollution radioactive de l'eau, du sol, ou de l'air d'un autre état.
Enfin, alors que les attentats de début septembre,
aux USA, ont fait ressugir la menace d'une action terroriste vers les
sites nucléaires civils, la France a retiré début
mars les missiles sol-air qui protégeaient le site de la Hague.
Retour
au sommaire