Premier trimestre 2003
COMMUNIQUE
Des transports de plutonium par centaines : WISE-Paris
dévoile une activité à haut risque
WISE-Paris, le 20 février 2003
Téléchargez l'étude
[Mise en ligne le 20/02/2003]
Dans un rapport (1) réalisé
pour Greenpeace et rendu public mercredi 19 février 2003, WISE-Paris
montre comment l’industrie du plutonium, sans justification et
malgré un contexte international de plus en plus défavorable,
impose à l’ensemble de la population française un
tissu impressionnant de transports à haut risque.
L’étude,
mise à jour d’un rapport commandité par le Forum
Plutonium en 1995, dresse pour la première fois un bilan global
des transports de plutonium – combustibles irradiés, poudre
d’oxyde de plutonium et combustibles au plutonium frais –
sur le territoire national. Ce sont actuellement plus de 450 wagons
et camions, transportant au total près de 40 tonnes de plutonium,
qui sillonnent la France chaque année sur une distance cumulée
de plus de 250.000 km.
Ces transports posent un risque fondamental de
prolifération, dont la dénégation – ce plutonium
dit « civil » ne serait pas utilisable pour des armements
nucléaires – contredit clairement les critères établis
au niveau international. (2) Les transports de
poudre d’oxyde de plutonium en France représentent sur
un an l’équivalent du transport de 8,5 kg de plutonium
– soit davantage que la « quantité significative
» définie par l’Agence internationale de l’énergie
atomique comme potentiellement suffisante pour la fabrication d’une
arme nucléaire – sur un million de kilomètres.
Outre le problème du détournement
de matières, les risques d’accident de transport de plutonium
représentent un danger permanent. De plus, il est impossible
depuis le 11 septembre 2001 d’ignorer le risque lié à
un acte de malveillance dirigé contre l’un de ces transports
– pour causer directement une catastrophe ou dérober une
partie du plutonium afin de l’utiliser ensuite dans une «
bombe sale ».
Sans se substituer à une évaluation
détaillée que seules les autorités, et les organismes
sur lesquels elles appuient leur expertise, peuvent mener, WISE-Paris
met en évidence le potentiel de risque considérable des
transports en examinant trois scénarios d’accidents graves.
Un accident ferroviaire dans un tunnel impliquant
un convoi de combustible irradié et un transport d’hydrocarbures
pourrait conduire à une contamination locale équivalente
à celle de la zone d’exclusion autour de Tchernobyl. Un
accident de camion de transport de poudre d’oxyde de plutonium
pourrait conduire à d’importants relâchements, notamment
en cas de percussion par un camion citerne. Un tel accident pourrait,
dans une zone habitée comme la banlieue de Lyon, mettre en danger
plusieurs milliers de personnes et provoquer quelques dizaines de cancers
fatals. Si ce type d’accident était déclenché
par un acte de malveillance contre le camion, une zone habitée
par plus de 125.000 personnes pourrait être rendue inhabitable
par la dispersion, qui serait susceptible de provoquer plus de 500 cancers
fatals.
Au regard de ces scénarios, la réglementation
applicable aux transports de plutonium, qui repose sur l’hypothèse
que les critères de résistance des emballages aux chocs
et au feu sont suffisants pour décrire l’ensemble des situations
accidentelles possibles, apparaît insuffisante dans ses principes
mêmes.
Dans ces conditions, WISE-Paris considère
que les autorités compétentes devraient évaluer
de façon plus détaillée les conséquences
potentielles d’accidents ou d’agressions externes concernant
les transports de plutonium. Ces résultats devraient être
rendus publics et mis notamment à la disposition des élus
locaux, confrontés au quotidien à ces transports et à
la gestion des risques auxquels ils exposent les populations locales.
Notes :
- Marignac, Y. (Dir.), Coeytaux, X., Faid, Y., Hazemann,
J., Schneider, M., Les transports de l’industrie du plutonium
en France – Une activité à haut risque, Rapport
commandité par Greenpeace. WISE-Paris, Paris, février
2003, 101 pages.
- Sur ce point essentiel, WISE-Paris fournira à
la demande les diverses références qui attestent, sans
ambiguïté, de l’utilisation possible de plutonium
issu des combustibles actuels pour des programmes d’armement.
On peut citer Hans Blix, alors Directeur de l'Agence internationale
de l’énergie atomique (AIEA), qui dans une lettre adressée
le 1er novembre 1990 à Paul Leventhal, président du
Nuclear Control Institute, Washington D.C., Etats-Unis, écrivait
: « l’Agence considère le plutonium provenant
de combustible irradié à de forts taux de combustion
et en général le plutonium d’une quelconque composition
isotopique à l’exception du plutonium contenant plus
de 80 % de plutonium 238, comme utilisable pour un dispositif explosif
nucléaire. »
Contact :
Yves Marignac, Directeur adjoint de WISE-Paris, coordinateur de l’étude.
Tél. : +33 (0)1 45.65.47.93
Fax : +33 (0)1 45.80.48.58
E-mail : ymarignac@questions-energies.org
Résumé de l’étude,
format PDF :
030219TransPuResume.pdf
(12p., 1656Ko)
Rapport, format PDF :
030219TransPuRapport.pdf
(71p., 725Ko)
Annexes, format PDF :
030219TransPuRapport_Annexes.pdf
(29p., 1740Ko)
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