ACCIDENT DE CRITICITITE A L'USINE
DE CONVERSION D'URANIUM DE TOKAI-MURA, JAPON
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La Chronologie
Autres mesures en vigueur au petit matin du 1er Octobre
1999
Levée partielle des mesures et nouvelles mesures
instaurées au cours de la journée du 1er Octobre 1999
Situation le 2 Octobre 1999
L'accident classé au niveau 4 pourrait être
reclassé plus haut - La performance des autorités japonaises
aussi...
"L'après accident"
: il continue
MISES À JOUR DE LA CHRONOLOGIE
mise à jour 7 (20/10/99)
mise à jour 6 (18/10/99)
mise à jour 5 (12/10/99)
mise à jour 4 (11/10/99)
mise à jour 3 (08/10/99)
mise à jour 2 (07/10/99)
mise à jour 1 (06/10/99)
Documents :
Traductions Kolin Kobayashi pour WISE-Paris
Relevé de décision de
la réunion de la cellule de crise de la préfecture d'Ibraraki
du 30 septembre 1999
Relevé de décision de
la 3ème réunion de la cellule de crise gouvernementale
Relevé de décision de
la réunion de la cellule de crise gouvernementale du 4 octobre
1999
Liens :
Pages web utiles sur l'industrie nucléaire
Japonaise et l'accident de criticité de Toka•-mura
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ACCIDENT DE CRITICITITE A L'USINE DE
CONVERSION D'URANIUM DE TOKAI-MURA, JAPON
WISE-Paris, 2 octobre 1999
Dernière mise à jour 20 octobre 1999, 18 heures
Note: les informations suivantes ont été compilées
par WISE-Paris à partir de sources diverses. A chaque fois que
cela a été possible ces informations ont été
vérifiées auprès de sources scientifiques et de
sources locales. Une bonne partie de l'information reste toutefois toujours
à confirmer.
Nous tenons à souligner la qualité et la rapidité
des informations transmises par courrier électronique au cours
des 48 heures qui ont suivi l'accident par le Dr. H Hosokawa, de l'Université
de Saga. Ce texte est en grande partie basé sur ses informations
et souvent mme directement tiré de sa liste de diffusion électronique
"MagPieNews".
" Si l'énergie nucléaire est appelée
à jouer un rôle important dans nos économies à
l'avenir, il importe que les matières fissiles soient manipulées
de façon sûre dans l'ensemble des opérations du
cycle du combustible nucléaire(...) L'objectif est de parvenir
à éviter les accidents compte tenu des répercussions
que pourrait avoir une excursion de criticité. "
Philippe Savelli, Directeur Adjoint, Sciences, Informatique
et Développement de l'Agence de l'Energie Nucleaire (AEN) de
l'OCDE, Allocution d'ouverture de la conférence Internationale
sur le risque de criticité dans les installations nucléaires,
qui s'est tenue à Versailles tout juste dix jours avant l'accident
.
LA CHRONOLOGIE
Note: les heures sont indiquées de 0h00 à 24h00,
heure de Tokai, sauf indication contraire ; entre parenthèse
(format + 0:00) est indiqué le temps écoulé depuis
le déclenchement de l'accident.
30 septembre 1999
Vers 10h35, un accident grave commence dans l'usine
de conversion d'uranium de JCO à Tokai Mura, à environ
130 km au nord-est de Tokyo. JCO est une filiale de Sumitomo Metalic
Mining Company, une des géants économiques japonais. JCO
(JCO, Inc n'est apparemment pas une abréviation, mais le véritable
nom de la compagnie, connue précédemment sous le nom de
Japan Atomic Fuel Conversion Company) est une des deux seules compagnies
au Japon, avec Mitsubishi Nuclear Fuel Co., Ltd., à fabriquer
des combustibles nucléaires. Mitsubishi est spécialisé
dans la fabrication de combustible pour réacteurs à eau
sous pression, et JCO fabrique des combustibles pour les réacteurs
à eau légère et les surgénérateurs
depuis 1980. Selon le JAIF (Japan Atomic Industrial Forum - Forum Atomique
Japonais), l'usine JCO de Tokai peut traiter 715 tonnes par an d'uranium
destiné ˆ des combustibles pour réacteur ˆ eau légre
et 3 tonnes par an d'uranium destiné ˆ des combustibles surgénérateur.
La conversion de l'uranium pour le combustible destiné au surgénérateur
de Joyo était la premire de ce type en trois ans de fonctionnement.
Elle avait commencé le 22 septembre 1999. JCO emploie 154 personnes.
Il semble que l'on ait versé dans une cuve
de précipitation 16 kg, au lieu d'un maximum de 2,4 kg, d'uranium
enrichi à 18,8 % d'uranium 235. La masse critique a été
atteinte, provoquant une réaction en chaîne incontr™lée.
Une des causes possibles de l'erreur de dosage des ouvriers est qu'ils
aient utilisé une liste de contr™le s'appliquant au combustible
pour réacteur à eau légère alors qu'il s'agissait
de combustible pour surgénérateur. On utilise dans les
réacteurs à eau légère, les réacteurs
à eau bouillante et les réacteurs à eau sous pression
de l'uranium faiblement enrichi, c'est à dire de l'uranium contenant
de 3 à 5 % d'uranium 235 fissile, pour lequel la masse limite
de contr™le de criticité pourrait se situer autour de 16 kg.
Les responsables de JCO ont par la suite déclaré que,
pour des raisons inconnues, les opérateurs avaient versé
l'uranium manuellement au lieu d'utiliser le système mécanique
qui aurait permis de contr™ler la concentration en U-235. Cependant,
selon d'autres sources, les autorités de sûreté
nucléaire n'auraient jamais expertisé cette installation
du point de vue de la criticité avant d'accorder leur autorisation
à JCO. On a mme évoqué le fait que les manuels
étaient incomplets, et que la compagnie n'était pas du
tout préparée à l'éventualité d'un
accident de criticité.
Cet uranium a été versé dans
une solution. On ne sait toujours pas sous quelle forme était
l'uranium ni ce que contenait exactement cette solution. Il semble établi
que la présence d'eau soit due à un système de
refroidissement dans l'enveloppe externe de la cuve de précipitation
à double paroi. La circulation d'eau entre les deux parois permettait
d'évacuer la chaleur produite par la réaction chimique.
Les indications concernant la nature de la solution
et le procédé chimique sont contradictoires. Il s'agit
probablement d'oxyde d'uranium (reconverti en U3O8) que l'on dissolvait
dans de l'acide nitrique pour obtenir du nitrate d'uranyle qu'il faut
remettre sous forme d'UO2 avant de fabriquer les pastilles de combustible.
On ne connaît pas encore précisément
les événements qui ont conduit à l'accident. Nous
avons étudié de nombreuses descriptions de l'accident
; aucune n'est cohérente du début à la fin. C'est
pourquoi nous avons décidé de ne pas donner de détails
tant qu'ils ne peuvent tre confirmés. Toutefois, les points
suivants semblent établis :
1. l'accident s'est produit dans une cuve de précipitation
;
2. l'intervention des opérateurs impliquait l'introduction
manuelle de l'uranium ;
3. les opérateurs étaient pressés par la direction
de l'usine d'accélérer les opérations ;
4. les opérateurs étaient insuffisamment ou pas du tout
formés et les opérations qu'ils effectuaient ne respectaient
pas les spécifications internes et légales ;
5. la prévention contre les accidents de criticité n'était
pas étudiée dans le cadre de la procédures d'autorisation
et il n'existait pas de procédure en cas d'accident de criticité
; 6. il n'y avait pas de compteur neutronique sur place et il a fallut
en apporter un d'une autre partie des installations, alors que sa
présence aurait pu réellement accélérer
l'identification de l'accident de criticité, et donc les mesure
de protection des travailleurs et des populations.
On s'est donc retrouvé en présence
d'une sorte de petit réacteur, l'eau réfléchissant
les neutrons et se comportant alors comme un modérateur entretenant
la réaction en chaîne. Mais à la différence
d'un réacteur, à Tokai, la réaction en chaîne
n'était pas contr™lée, le combustible n'était pas
enfermé dans une gaine (première barrière), la
réaction ne se produisait pas dans une cuve appropriée
(deuxième barrière) et le b‰timent (troisième barrière)
ne permettait pas de contenir les effets de matières fissiles
formant une masse critique. Cela concerne en particulier les émissions
de gaz radioactifs qui ne pouvaient tre confinées à l'intérieur
de l'installation.
Au moins deux des trois opérateurs ont été
exposés à des doses léthales de radiation. Les
doses reçues par les trois travailleurs les plus exposés,
ré-évaluées sur la base des analyses de sang et
de vomi, s'établissent à 17 Sv (travailleur de 35 ans),
10 Sv (travailleur de 39 ans) et 3 Sv (travailleur de 54 ans).
Ces doses sont équivalente, et mme supérieures,
aux doses au point d'impact des bombes d'Hiroshima et Nagasaki. Plusieurs
équipes médicales font actuellement leur possible pour
sauver ces trois hommes. Le calcul de la dose a été fait
à partir des concentration de sodium-24 dans le sang et le vomi
des trois hommes. Le travailleur de 35 ans a été transféré
à l'H™pital de l'Université de Tokyo, o il est arrivé
à 16h30 le 2 octobre. De plus, trois ambulanciers venus secourir
les trois travailleurs ont également reçu des doses élevées.
Le nombre total de personnes exposées augmente au fur et à
mesure des opération de gestion de l'accident, et atteint le
2 octobre 1999, 55 personnes, dont 39 employés de JCO ou sous-traitants,
les 3 ambulanciers et 7 ouvriers qui travaillaient sur un terrain de
golf directement adjacent à l'usine de JCO.
Le nombre de personnes exposées continue ˆ
augmenter et atteignait 63 le 9 octobre 1999.
A 11h15 le 30 septembre 1999 (soit 40 minutes aprs
le début de l'accident, + 0:40), JCO mentionne la possibilité
d'un accident de criticité dans la premire note concernant l'événement
qu'elle fait parvenir ˆ l'Agence de la Science et de la Technologie
(STA).
A 11h33 le 30 septembre 1999 (+0:58), la JCO informe
la municipalité de Tokaimura de l'accident.
A 12h19, le 30 septembre 1999 (+1:44), JCO demande
dans sa troisième note, l'évacuation des populations autours
de l'usine. La ville de Tokaimura met en place un PC de " gestion
de catastrophe ".
A 12h30 le 30 septembre 1999 (+1:55), le chef de
cabinet du Premier Ministre reoit le premier rapport sur l'accident.
Il se passe environ une heure avant qu'il ne réagisse. Au mme
moment, les autorités du village de Tokaimura informent les villageois
de l'accident via la radio et leurs demandent de rester chez eux.
A 12h41 le 30 septembre 1999 (+2:06), la police bloque
l'accs ˆ l'usine dans un rayon de 200 m.
Une unité des forces terrestres (Ground Self-Defense
Forces) équipée pour la guerre chimique, stationnée
ˆ Omiya, préfecture de Saitama, est mobilisée et envoyée
ˆ Tokaimura. Selon les aveux mmes du chef de cabinet, " l'unité,
toutefois, n'est pas capable de lutter contre ce genre d'accident nucléaire
", rapporte le quotidien Yomiuri Shimbun.
A 13h35 le 30 septembre 1999 (+3:00), la commune
de Tokaimura arrte de puiser de l'eau dans la rivire Kuji.
A 13h50 le 30 septembre 1999 (+3:25), la Direction
des entreprises de la municipalité de Tokaimura augmente le débit
de pompage au niveau de la rivire Naka, de 1 440 m3 ˆ 7 560 m3.
A 14h50 le 30 septembre 1999 (+4:25), la commune
de Naka-machi ne s'alimente plus en eau par la rivire Kuji, en attendant
le résultat des contr™les.
A 15h00 le 30 septembre 1999 (+4:25), la municipalité
de Tokaimura demande l'évacuation des personnes résidant
dans une zone de 350 m autour de l'installation.
A 15h30 le 30 septembre 1999 (+4:55), l'ordre d'évacuer
est effectivement donné aux quelques 150 habitants de 39 maisons
dans un rayon de 350 mtres (il ne s'agit pas vraiment d'un cercle,
mais la zone concerne plut™t les personnes que l'on pense tre "
sous le vent "). Ils sont emmenés dans 9 bus vers la salle municipale
de Funaishikawa ˆ 1,5 km de lˆ. Le niveau de radioactivité ˆ
la cl™ture atteint 0,84 mSv/h.
A 16h00 le 30 septembre (+5:25), la préfecture
d'Ibaraki constitue une cellule de crise pour faire face ˆ l'accident
alors que les experts de la STA et du JAERI (Japan Atomic Energy Research
Institute) sont sur le site et commencent leurs mesures. Des traces
de césium-138 sont détectées sur le sol dans le
complexe du JAERI, attenant au site de l'accident.
A 17 h00, le 30 septembre 1999 (+6:25) le niveau
de radioactivité en bordure du site atteignait 4 mSv/h.
A 17h45 le 30 septembre (+7:10), la cellule de crise
d'Ibaraki se réunit pour la premire fois.
A 18h00 le 30 septembre (+7:25), la Direction des entreprises
de la municipalité de Naka-machi augmente le débit de
pompage au niveau de la rivire Naka, de 1 500 m3 ˆ 4 800 m3.
A 18h30, le 30 septembre 1999 (+7:55), on annonce
que le débit de dose neutronique au dessus du site a été
de 4,5 mSv.
A 22h30, le 30 septembre 1999 (+11:55), on demande
pour la première fois (par quel moyen ?) aux 310.000 personnes
vivant dans un rayon de 10 km autour de l'usine de rester confinés
chez eux ou à l'endroit o ils se trouvent.
A 2h00, le 1er octobre 1999 (+15:25), le niveau de
radioactivité a légèrement baissé (3,3 mSv/h).
Des experts de la Scientific and Technology Agency (STA), département
responsable du nucléaire au sein du Ministère de l'Industrie
et du Commerce (MITI), estiment que la criticité non contr™lée
se poursuit, ou au moins qu'elle se répète de façon
intermittente.
Le chef de cabinet du Premier Ministre, Hiromu Nonaka,
estime que le pays est confronté à une crise sans précédent.
Le gouvernement envisage de demander l'aide des forces militaires américaines
stationnées au Japon pour faire face à la situation. Le
Premier Ministre, M. Obuchi, décide de reporter le remaniement
de son cabinet, prévu pour ce 1er octobre.
"dans la nuit de jeudi [du 30 septembre au 1er octobre],
on détectait 3,1 millisievert de neutrons par heures, ou environ
15.000 fois le niveau normal de radioactivité, à 2 km
du lieu de l'accident" écrit Reuters en se basant sur les informations
que lui a fournies un représentant de la préfecture d'Ibaraki.
A 2h58 le 1er octobre 1999 (+16:33), selon la STA,
les employés de JCO commencent les opérations nécessaires
pour retirer l'eau de l'enveloppe extérieure de la cuve. L'eau,
réfléchissant les neutrons vers l'intérieur, entretient
la réaction en chaîne. A cause des niveaux élevés
de radioactivités, les employés essayant d'ouvrir les
vannes, sont obligés de se relayer toutes les trois minutes.
A 3h30 le 1er Octobre 1999 (+16:55), au cours d'une
conférence de presse, la préfecture d'Ibaraki donne aux
plus de 310.000 personnes résidant dans un rayon de 10 km autours
de l'installation, périmètre incluant le village de Tokai
(Tokai-Mura), les villes et villages de Mito, Hitachi, Hitachi-Ohta,
Hitachi-Naka, Naka, Urigura, Ohmiya et Kana, les conseils et les indications
suivantes :
-
Rester confiné à domicile. Fermer toutes les fentres
et débrancher toutes les sources de ventilation;
-
En cas d'obligation de se déplacer en voiture, garder toutes
les fentres fermées et ne pas utiliser la ventilation;
-
L'eau de robinet est potable, les sources d'alimentation ayant
été changées;
-
Ne pas boire d'eau de pluie ou d'eau de puits;
- On recommande aux personnes ayant pris refuge dans un abri situé
sous le vent à changer d'abri et à quitter la zone placée
sous le vent.
Selon Reuters, "Tokaimura, avec ses 34.000 habitants
et ses 15 installations nucléaires s'est transformée en
ville fant™me, o la police revtue d'habits de radioprotection blancs
hante les rues".
Un cas de contamination externe est détecté
parmi les personnes évacuées.
Les autorités locales se préparent
à la distribution de pastille d'iode.
La SDF (Self Defense Forces, Force d'Auto-défense,
c'est à dire l'armée japonaise) est mobilisée pour
contr™ler la circulation et maintenir l'ordre public. L'unité
de protection chimique de la SDF est consignée sur la base militaire
de Katsuta.
A 5h40 le 1er octobre 1999 (+19:05), la STA admet
lors d'une conférence de presse que l'on risque d'étendre
la zone d'évacuation (alors située dans un rayon de 350
mètres) si la situation de s'améliore pas. La STA annonce
que la radioactivité mesurée sur le site de JCO a atteint
18 mSv/h (neutrons) et 20 mSv/h (gamma), soit environ 5 fois plus que
les valeurs mesurées 12 heures plus t™t à la cl™ture.
La STA révèle également que
les opérations de vidange de l'eau entourant la cuve ont échoué
à cause d'un problème de vanne, et que pour pouvoir évacuer
l'eau, il a fallut détruire la tuyauterie. 18 ouvriers ont participé
à ces opérations qui ont duré 3 heures. Ils ont
reçu des doses estimées entre 20 et 103 mSv. La limite
annuelle pour les travailleurs au Japon est de 50 mSv par an. En cas
d'urgence, la limite peut exceptionnellement atteindre 100 mSv par opération.
A 7h00, le 1er octobre 1999 (+20:25), la STA indique
que la situation de criticité est terminée. De l'eau borée
a été injectée dans la cuve (comment ?) permettant
de ralentir la réaction en chaîne. Les compteurs neutroniques
sur le site montrent désormais une décroissance rapide
du niveau de radioactivité.
A peu près au mme moment, les autorités
japonaises transmettent des informations à l'Agence Internationale
de l'Energie Atomique (AIEA) de Vienne. Sur la base de ces informations,
l'AIEA déclare : "on sait qu'il [l'accident] s'est produit lorsque
des travailleurs ont transporté un mélange d'acide nitrique
liquide contenant 19 % d'uranium enrichi dans une cuve de précipitation".
Personne d'autre ne parle de "transporter un mélange". Toutes
les autres sources indiquent que la réaction en chaîne
a commencé dans la cuve. Dans son communiqué de presse,
l'AIEA indique aussi que "à son point culminant, le débit
de dose mesuré à la cl™ture était de 4 millisievert/heure.
A 4 heures du matin heure locale, le débit de dose mesuré
était en baisse". Ceci est également contradictoire avec
les déclarations des représentants de la STA lors de leur
conférence de presse de 6h00 au Japon.
A 9h00, le 1er octobre 1999 (+22:25), les représentants
de JCO déclarent que les travailleurs ont manipulé la
solution de nitrate d'uranium " de façon incompatible avec
les règles de sûreté ".
AUTRES MESURES EN VIGUEUR
AU PETIT MATIN DU 1er OCTOBRE 1999
La totalité des 135 écoles situées
dans le rayon de 10 km restent fermées pour la journée.
Toutes les routes situées dans un rayon d'un
kilomètre ont été fermées. La circulation
y est totalement interdite, sauf pour les véhicules de secours.
Les chemins de fer japonais (Japan Railway, JR) suspendent
toute liaison ferroviaire entre Miko et Hitachi. Ibaraki Kohtsuh, la
plus importante compagnie de car de la région a décidé
de suspendre toutes ses lignes dans le rayon de 10 km.
La compagnie des autoroutes a fermé la portion
Mito/Hitachiminami-Ohta de l'autoroute Joban, qui relie Tokyo à
la région de Tokai.
La préfecture recommande aux fermiers de la
région de Tokai-Naka de ne rien récolter tant que la non
contamination du sol n'a pas été confirmée. La
récole de riz dans la région est pratiquement finie, et
c'est la période de la récolte de la patate douce.
Toutes les usines de la région de Tokai-Mito
décident de suspendre leur activité, mettant 8.700 personnes
au ch™mage technique.
Le village de Tokai (environ 34.000 habitants) ne
s'approvisionne plus en eau potable dans la rivière Kuji, pour
éviter les risques de contamination radiologique. L'eau provient
désormais de la rivière Naka, plus éloignée
et qui a donc moins de chance d'tre contaminée.
La totalité des 50 bureaux de poste de la
région est fermée pour la journée. Les grandes
compagnies de transport, comme Kuroneko Yamato ou d'autres, ont suspendu
leurs services pour la journée.
Le quartier général de la Région-3
de l'Agence de Sécurité Maritime à Yukohama envoie
des avertissements aux bateaux pénétrant dans les eaux
au large des c™tes de Tokai.
L'Agence des Ressources et de l'Energie du MITI a
mis en place une cellule de crise et a envoyé 14 experts sur
le site.
Le Ministère de l'Agriculture, de la Fort
et de la Pche a également mis en place sa cellule de crise pour
procéder à des mesure de la contamination des produits
alimentaires.
La Fédération des Pcheries d'Ibaraki,
regroupement des syndicats de pcheurs dans la Préfecture, a
émis une interdiction de pche en zone c™tière pour une
durée indéterminée. Les syndicats tiendront une
réunion au sommet le 2 octobre 1999 pour discuter de mesures
supplémentaires.
Le Ministre des Affaires Etrangères, M. Kohmura,
demande aux USA et à la Russie d'envoyer une équipe d'experts
au Japon pour aider les équipes locales à gérer
la situation et à enquter sur les causes de l'accident. Le secrétaire
d'Etat à l'Energie américain, qui se trouve alors à
Moscou, déclare qu'ils sont d'accord pour se préparer
à intervenir.
La police de la préfecture dispose désormais
d'un groupe d'intervention d'urgence de 3.000 personnes pour contr™ler
la situation.
Les coopératives agricoles du village de Tokai
et de la ville de Naka ont rappelé les produits agricoles déjà
expédiés aux halles de Tokyo (Tsukiji - Tokyo Central
Food Market). Au total 8,7 tonnes de produits récoltés
dans cette région sont récupérées. Il s'agit,
entre autres, de patates douces, d'épinards et de poireaux. La
branche d'Ibaraki de JAC (Japan Agricultural Cooperation) a décidé
de ne pas lever l'interdiction de nouvelles récoltes dans la
région.
La préfecture de Fucus (à l'ouest du
pays), o sont implantés 15 réacteurs nucléaires,
a décidé d'envoyer son propre personnel équipé
de matériel de détection pour réaliser une investigation
indépendante.
Le véhicule de l'unité de décontamination
des SDF est en stand-by à l'h™pital de la Croix Rouge de Mito.
Plus de 4.500 personnes se sont rendues dans les
h™pitaux de la préfecture d'Ibaraki pour y subir une détection
radiologique et des examens. Bien qu'aucun cas de contamination n'est
été révélé, un climat de panique
prévaut.
Plusieurs cas de contamination parmi les réfugiés
provenant de la zone de 350 mètres ont été constatés.
On ne parle pas de problème de santé. Les examens médicaux
se poursuivent.
LEVEE PARTIELLE DES MESURES
ET NOUVELLES MESURES INSTAUREES AU COURS DE LA JOURNEE DU 1ER OCTOBRE
1999
A 8h00, le 1er octobre 1999 (+21:25), la fermeture
de l'autoroute de Joban, qui passe très près du site de
l'accident a été levée. Plus tard dans la journée,
les liaisons ferroviaires étaient rouvertes au public.
A 15h00, le 1er octobre 1999, (+28:25), l'ordre de
confinement des populations habitants dans le rayon de 10 km est levé
par, M. Nonaka, chef de cabinet du Premier Ministre, représentant
le quartier général de crise du gouvernement, sur la recommandation
de la NCS (Nuclear Safety Commission, Commission de Sûreté
Nucléaire) après analyse des nouveaux résultats
de mesures de radioactivité.
Les deux victimes dans un état critique, hospitalisées
à l'Institut National des Sciences Radiologiques, à Chiba,
à l'est de Tokyo, souffrent d'une baisse sévère
du taux de lymphocytes, moins d'1 % alors que le niveau normal se situe
autours de 40 %. Ceci les rend très sensibles aux infections
qui peuvent se révéler mortelles. Un des patients semble
souffrir d'un Ïdème du poumon. Il apparaît qu'ils souffrent
d'exposition externe à des sources de neutron et des sources
gamma élevées, plut™t que d'exposition interne. Les traitements
tentés à ce point sont des perfusion, l'injection de stéro•des,
et une dose d'antidote d'uranium. Les radiologues envisagent alors une
greffe de moelle, faible espoir de les sauver.
La Croix Rouge japonaise a décidé d'envoyer
des experts du Nagasaki Atomic Bomb Hospital à Tokai, pour aider
les équipes médicales présentes sur place. Cette
équipe est composée de médecins, d'un radiologue
et d'infirmières spécialisées. Le Nagasaki A-Bomb
Hospital a une longue expérience dans le traitement des " Hibakusha
", les victimes des radiations.
Les écoles ont été prévenues
plus tard qu'elles pourraient rouvrir normalement le samedi.
Les véhicules militaires, déployés
dans l'éventualité d'une évacuation massive, ne
sont plus consignés et retournent vers leur lieu d'attache.
Les officiels indiquent que l'on peut de nouveau
boire de l'eau du robinet, mais mettent en garde contre la consommation
d'eau de puits, sur laquelle se poursuivent les analyses de contamination,
opération qui prendra quelques jours.
A 22h00, le 1er octobre 1999 (+35:55), les mesures
d'évacuation dans le rayon de 350 m ne sont toujours pas levées.
SITUATION LE 2 OCTOBRE 1999
Les écoles situées dans un rayon de
10 km rouvrent le matin. Dans certaines écoles, les enfants subissent
un contr™le médicale au lieu d'aller en classe.
Les conditions de circulation, y compris celle des
trains et des cars, sont redevenues normales.
A 11h00, le 2 octobre 1999 (+48:25), commence dans
les locaux de la STA à Tokyo la réunion consultative des
experts de la NCS qui doit décider de la levée ou non
des mesures d'évacuation autour de Tokai.
A 13h15, le 2 octobre 1999 (+50:40), cette réunion
à huis clos se poursuit. On parle de dissension entre les experts
sur l'évaluation du danger. Il y a une possibilité de
contamination par les retombées radioactives dans la région.
Il se peut qu'il faille inspecter tous les b‰timents et toutes les habitations
avant que les habitants puissent rentrer chez eux.
A 18h30, le 2 octobre 1999, le gouvernement japonais
publie une "déclaration de sûreté" annonçant
qu'il n'y a pas de contamination dans les 350 mètres autour de
l'usine et lève l'ordre d'évacuation. Selon Kyodo News
service, le chef de cabinet du Premier Ministre, M. Nonaka, a dit qu'il
n'était pas dangereux de consommer des produits agricoles provenant
de la préfecture d'Ibaraki. " La sécurité a été
confirmée " a dit Nonaka lors une conférence de presse
télévisée diffusée au niveau national. "
Nous prions du fond de notre cÏur pour que leur existence puisse redevenir
normale dès que possible ".
KEPCO (Kansai Electric Power Company) indique que
l'accident de Tokai va retarder peut-tre d'un mois ou deux l'utilisation
de MOX (combustible oxyde mixte plutonium-uranium) dans ses réacteurs
de Takahama.
TEPCO (Tokyo Electric Power Company) décide
d'interrompre les publicités qu'elle passe régulièrement
à la télé, ventant les bienfaits du nucléaire.
L'ACCIDENT CLASSE AU NIVEAU
4 POURRAIT ETRE RECLASSE PLUS HAUT - LA PERFORMANCE DES AUTORITES JAPONAISES
AUSSI...
Le gouvernement a déclaré qu'il s'agissait
d'un accident de " niveau 4 " sur l'échelle internationale des
accidents nucléaires qui en compte 7, ce qui en fait le pire
accident nucléaire de l'histoire du pays. L'AIEA a déclaré
que c'était l'accident le plus grave depuis la catastrophe de
Tchernobyl, en 1986, ajoutant qu'à l'issue des investigations
approfondies, il pourrait mme tre classé à un niveau
supérieur.
A titre de comparaison, l'accident de Three Mile
Island a été classé au niveau 5 et l'accident de
Tchernobyl, le plus grave de l'histoire à ce jour, a atteint
le maximum de 7.
Des calculs préliminaires d'émissions
de radioactivité faits par le Dr. Jinzaburo Takagi, chimiste
nucléaire et fondateur du Citizens' Nuclear Information Center
(CNIC) à Tokyo, indiquent que l'accident devrait tre classé
au niveau 5 et non 4.
Le gouvernement japonais est sur la sellette pour
sa gestion de l'accident, notamment parce qu'il s'est produit sur le
site mme o était survenu un accident il y a tout juste deux
ans (dans l'installation de bitumation en aval de l'usine de retraitement).
Himoru Nonaka, a admis en tant que porte-parole du gouvernement
que le gouvernement avait été lent à répondre
à l'accident. " Dans une nation moderne, il est honteux que ce
type d'accident arrive ", a déclaré Nonaka, un refrain
que les officiels ont servi à maintes reprises depuis que se
succèdent les accidents au Japon.
Le Premier Ministre, Keizo Obuchi a déclaré
que pendant l'accident, il avait dirigé les instances gouvernementales,
y compris l'administration de la défense, de la police nationale,
des pompiers et des secours afin de coordonner les actions de protection
des populations et pour empcher l'extension du risque radioactif.
Le Premier Ministre Keizo Obuchi a demandé
pardon pour cet accident, qui, a-t-il fait remarquer, avait attiré
l'attention internationale.
" Nous n'avons pas prévu que la situation
pourrait s'intensifier et c'est pourquoi nous avons tardé ˆ réagir
", a déclaré Hiromu Nonaka, porte parole du gouvernement.
" Nous devons reconnaître que nous avons été
négligeants ".
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Liens
Pages web utiles sur l'industrie nucléaire Japonaise et l'accident
de criticité de Toka•-mura
Communiqué de presse de l'Agence Internationale pour l'Energie Atomique (AIEA) sur l'accident de Tokai-mura
http://www.iaea.org/worldatom/Press/P_release/
Communiqué de presse de l'Agence Internationale pour l'Energie
Atomique (AIEA) sur l'accident de Tokai-mura, en date du 1er Octobre
1999
http://www.iaea.org/worldatom/Press/P_release/1999/techbrief.shtml
Information fournie par le Centre d'Information Nucléaire des
Citoyens (Citizens' Nuclear Information Center), à Tokyo, sur
l'accident de criticité de Tokai-mura
http://www.jca.apc.org/cnic/english/misc/critical.html
Liste mondiale des installations du cycle du combustible, noms et
liens, rassemblée par Peter Diehl, WISE-Uranium Project
http://www.antenna.nl/wise-database/uranium/efac.html
Une chronologie des évènements mise à jour.
http://www.isis-online.org./
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